Souvenirs de vacances, objets ethniques… Voyager sans bouger de chez soi, c’est possible et de plus en plus tendance.
Comme la majorité d’entre nous, Sylvaine possède toute une panoplie d’objets souvenirs, récoltés au fil des années et des vacances : un cendrier peint à la main, un plat à tagine, un tapis berbère et une quantité impressionnante de nappes aux motifs bariolés… «Mais une fois de retour à la maison, mes coups de coeur perdaient de leur charme, n’allaient pas avec le reste», soupire-t-elle. Résultat : ils sont gardés sous cléf. Sortie des placards pourtant, la collection de Sylvaine pourrait donner un style très tendance à son habitat…
A la faveur du développement du tourisme de masse et portée par un désir de personnaliser son intérieur, la décoration ethnique a commencé à investir nos demeures il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui, elle semble incontournable. Plus de frontières, plus de limites : tous les styles s’entremêlent dans un même espace et toutes les inspirations, qu’elles viennent d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique du Sud, sont bonnes à prendre.
«C’est une évolution logique, estime Lourdès Landmann, chez Créa Guide, cabinet de conseil en création et tendances. Dans l’univers de la mode, il y a une recherche de créations plus authentiques, plus universelles, plus naturelles. Il est normal que la décoration suive. Cela se traduit aussi dans le domaine du tourisme. Aujourd’hui, certains voyagistes proposent de passer des nuits sous une tente berbère, tandis que d’autres offrent des vieilles roulottes rafistolées en guise de chambres d’hôte. L’esprit nomade, avec sa part de rêverie et d’évasion, est devenu une valeur sûre. D’autant qu’il est souvent synonyme de démarche éthique, puisque de nombreux produits émanent du commerce équitable.»
Cette envie d’authenticité et de simplicité a donné naissance à une autre tendance : l’outdoor-indoor, hautement compatible avec l’esprit ethnique. La décoration intérieure s’exporte vers l’extérieur, tandis que l’univers du jardin, des meubles en teck aux cache-pots en argile, se retrouve à l’intérieur. Le secteur est en pleine expansion, comme le démontre la place qui lui sera réservée au prochain salon parisien «Maison et Objet».
«On cherche à créer un deuxième séjour dehors, à recréer son intérieur à l’extérieur, explique Lourdès Landmann. On emporte des coussins, des matelas et des tapis, on monte une tente, on installe des dais… Ce ne sont pas des objets fixes, on peut les plier ou les rouler, les changer de place et modifier l’utilisation qu’on en fait. En fait, on habille son jardin comme on habille son salon.»
Car le salon est désormais envisagé comme une personne, dont on change la tenue régulièrement. Il existe des vêtements pour tables, pour chaises et pour canapés, et là encore, l’esprit ethnique se trouve en première ligne avec une offre inégalée de tissus soyeux, d’imprimés exotiques et de couleurs chaleureuses.
Ajoutez à votre intérieur un nouveau tapis, quelques coussins, bougeoirs ou autres objets d’ailleurs, et vous voilà transporté dans un univers bohème unique : le vôtre. Sous la nappe indienne, il y a votre vieille table, sous l’abat-jour aux motifs brésiliens, votre pied de lampe classique et sous les mètres de tissu africain, votre canapé acheté sur catalogue, dix ans plus tôt… Pour ajouter une touche tendance et originale, vous pouvez également utiliser les stickers muraux en calligraphie arabe par exemple.
On comprend pourquoi la tendance ethnique a autant de succès. Elle permet de faire le tour du monde sans bouger de chez soi, de créer un dépaysement total sans pour autant lâcher ses anciens meubles, de s’appuyer sur des couleurs et une atmosphère lointaine pour imaginer un cocon cosy, tout en sachant que l’on peut changer de destination et de décor en un clin d’oeil.
Finalement, Sylvaine, ça vaudrait peut-être le coup de dépoussiérer ce plateau cuivré acheté au souk, il y a cinq ans…